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Method Article
Dans cet article, des méthodes écotoxicologiques standardisées pour l’évaluation des biomarqueurs chez les espèces d’anoures néotropicales sont présentées. Plus précisément, cet article détaille plusieurs méthodologies à différentes échelles d’évaluation écotoxicologique, telles que les niveaux génétique, cellulaire-histologique, biochimique, morphologique et individuel.
Les nouvelles questions en écotoxicologie mettent en évidence l’importance d’appliquer une batterie de biomarqueurs, car cela permet d’obtenir des prédictions écotoxicologiques qui améliorent non seulement l’interprétation des effets des facteurs de stress environnementaux sur les organismes, mais aussi la détermination de leur impact possible. Il est bien connu que l’utilisation de biomarqueurs écotoxicologiques à différents niveaux d’organisation permet de prédire les réponses biologiques des organismes aux facteurs de stress environnementaux, ce qui est utile dans l’évaluation des risques environnementaux.
Néanmoins, il est nécessaire d’envisager l’optimisation des procédures de base, de générer des données historiques dans les groupes témoins et d’utiliser des essais biologiques spécifiques pour évaluer les réponses dans les organes et les tissus afin d’élucider la nature et la variation des effets observés. Par conséquent, le présent travail vise à décrire plusieurs méthodologies écotoxicologiques employées à tous les stades des anoures néotropicaux à différents niveaux écologiques et à les valider en tant que biomarqueurs utiles à utiliser à la fois dans la faune sauvage et dans des conditions de laboratoire. Dans ce travail, ces biomarqueurs ont été appliqués au niveau individuel/organique (indice de condition corporelle), au niveau histologique/physiologique (analyses histopathologiques, histométriques et pigmentaires), au niveau biochimique (enzymes de stress oxydatif) et au niveau génétique (dommages directs et oxydatifs dans l’ADN par dosage des comètes).
Bien que ces méthodologies présentent de petites variations ou modifications selon les espèces, ces techniques fournissent des biomarqueurs efficaces pour évaluer l’effet des xénobiotiques sur les anoures, qui possèdent certaines caractéristiques qui en font des espèces indicatrices utiles des écosystèmes aquatiques et terrestres. En conclusion, la batterie de biomarqueurs utilisés dans la présente étude s’est avérée adéquate pour estimer les réponses toxiques chez les anoures néotropicaux et peut être recommandée comme bioindicateurs pour identifier l’impact des polluants sur les écosystèmes aquatiques de la région. Enfin, il est recommandé de parvenir à la normalisation de ces biomarqueurs importants pour les anoures dans des régions spécifiques ainsi que de les inclure éventuellement dans les évaluations des risques et la prise de décision.
L’apport de facteurs de stress environnementaux dans les plans d’eau naturels peut affecter la santé de l’écosystème aquatique1. L’exposition à ces facteurs de stress environnementaux peut affecter la survie ou la valeur adaptative des organismes aquatiques par différents mécanismes de toxicité, y compris l’exposition directe (à court et à long terme)2. Par conséquent, les essais biologiques normalisés en laboratoire visant à évaluer les paramètres toxicologiques liés à la valeur adaptative et à la survie peuvent constituer une estimation peu fiable des nombreux effets indirects du stress sur le terrain. De plus, les modifications des niveaux physiologiques normaux et les effets sur les individus, tels que la capture de proies, peuvent être de meilleurs indicateurs à long terme de l’impact sur la survie et la capacité de reproduction des organismes et, en fin de compte, sur la santé de l’écosystème 1,3. Il est important de prédire les changements dans la composition et la fonction des écosystèmes, ainsi que dans la santé des organismes, en se fondant sur un ensemble connu de paramètres environnementaux et de concentrations de contaminants, pour améliorer la gestion de la pollution1.
Les biomarqueurs sont définis comme des changements biochimiques, physiologiques ou histologiques dus à l’exposition à des produits chimiques xénobiotiques ou à leurs effets 4,5. Les biomarqueurs se sont avérés très utiles en tant que signaux d’alerte précoce 4,5. Une question importante à laquelle les biomarqueurs aident à répondre est de savoir si certains facteurs de stress sont présents à des concentrations suffisamment élevées dans l’environnement pour provoquer des effets néfastes. Ces informations permettent de déterminer s’il vaut la peine d’enquêter sur la nature et l’étendue des dommages et sur les agents causaux ou s’il ne faut pas investir davantage de ressources dans ce cas 6,7,8. De plus, étant donné que le concept d’évaluation d’un seul biomarqueur en tant que bioindicateur peut ne pas être adéquat 5,7,8,9,10, il y a une tendance croissante à effectuer une évaluation complète de plusieurs biomarqueurs afin de détecter les signes avant-coureurs et, par conséquent, de prévenir les effets irréversibles sur les écosystèmes.
Il est très important de noter que tous les effets toxiques commencent par l’interaction d’un facteur de stress avec des biomolécules. En ce sens, les effets peuvent se répercuter sur les niveaux d’organisation biochimique, subcellulaire, cellulaire, tissulaire, organique, individuel, population, communauté, écosystème, paysage et biosphérique. Les cellules sont le principal site d’interaction entre les facteurs de stress environnementaux et les systèmes biologiques. Ainsi, la compréhension des effets moléculaires et génétiques permet aux chercheurs d’associer des niveaux faibles et élevés d’organisation écologique et les aide à prédire l’effet des polluants environnementaux, par exemple, sur la santé humaine, qui n’ont pas encore été testés5. De plus, en raison de la grande spécificité des cellules, elles sont non seulement utiles pour évaluer les polluants environnementaux, mais aussi pour la santé humaine 5,11. Par conséquent, la compréhension des effets des facteurs de stress au niveau biochimique peut donner un aperçu des causes des effets observés et permettre de les relier à ceux du niveau supérieursuivant 5. De plus, en comprenant les mécanismes biochimiques des facteurs de stress, les effets de nouveaux facteurs de stress qui n’ont pas encore été évalués toxicologiquement peuvent être prédits par rapport à d’autres contaminants bien connus en fonction de leurs similitudes de fonction. En présence de divers facteurs de stress environnementaux, les biomarqueurs génétiques et biochimiques peuvent fournir des informations précieuses sur les effets spécifiques observés. En plus de cela, les évaluations histochimiques liées aux changements biochimiques peuvent fournir des informations sur la toxicodynamique5. En bref, une analyse complète des biomarqueurs cellulaires, biochimiques et histologiques est nécessaire10,12, et ce type d’analyse, à son tour, devrait être inclus dans les programmes de biosurveillance des espèces locales 5,13,14.
L’étude des biomarqueurs en laboratoire peut néanmoins présenter certaines difficultés, notamment des difficultés dans la détection des effets sublétaux et des impacts chroniques après exposition à des polluants et dans la validation et la standardisation des méthodes employées, ainsi que les réponses complexes dépendantes du temps ou de la dose, les liens peu clairs ou indéterminés avec la valeur adaptative et l’absence de modèles mécanistes intégrés1, 4. Épisode 4 Pour résoudre ces problèmes, la solution n’est pas d’augmenter le nombre de biomarqueurs mesurés, mais de concevoir soigneusement des études et des hypothèses vérifiables qui contribuent à expliquer les bases mécanistes des effets chimiques sur des organismes entiers4.
Les nouvelles questions en écotoxicologie soulignent l’importance d’appliquer une batterie de biomarqueurs pour générer des prédictions écotoxicologiques qui améliorent l’interprétation des effets des facteurs de stress environnementaux sur les organismes, ainsi que la prise de décision quant à leur impact possible. De plus, l’importance de combiner les deux concepts - biomarqueurs et bioindicateurs - dans l’évaluation des risques environnementaux et la biosurveillance est que cela permettra aux chercheurs de déterminer si les organismes d’un environnement d’intérêt spécifique sont physiologiquement normaux ou stressés. L’approche adoptée dans cette étude ressemble à celle de l’analyse biochimique qui est effectuée chez l’homme. En ce sens, une batterie de biomarqueurs peut être analysée pour voir si un organisme est sain à la fois sur le terrain et en laboratoire6. Enfin, les biomarqueurs contribueront à l’évaluation des risques écologiques de deux manières : (1) évaluer l’exposition des espèces rares et/ou à longue durée de vie, et (2) tester des hypothèses sur les mécanismes des impacts chimiques à différents niveaux d’organisation biologique4.
Au cours de la dernière décennie, des biomarqueurs ont été utilisés chez les anoures pour la biosurveillance de l’exposition aux contaminants cytotoxiques et génotoxiques. Parmi celles-ci, les techniques les plus fréquemment utilisées sont le dosage des micronoyaux (MN) et le dosage des comètes ou l’induction de cassures d’ADN simple brin par électrophorèse sur gel unicellulaire (SCGE). De plus, ces techniques ont été utilisées avec succès pour estimer les dommages à l’ADN induits par divers facteurs de stress environnementaux chez plusieurs anoures néotropicaux 14,15,16,17,18,19. D’autres biomarqueurs peuvent être utilisés pour examiner les changements dans l’état oxydatif chez les organismes exposés aux polluants environnementaux 16,17,18,19. Le stress oxydatif est une réponse à l’exposition à différents xénobiotiques, entraînant plusieurs effets néfastes, notamment sur la capacité antioxydante des individus exposés 5,6,7,19,20.
Dans les études écotoxicologiques, les espèces bioindicatrices sont utilisées parce qu’il s’agit d’organismes qui identifient les interactions à long terme et les effets néfastes des facteurs de stress environnementaux à des niveaux organisationnels supérieurs (p. ex., organisme, population, communauté et écosystème)10,20,21. En intégrant les deux concepts – biomarqueurs et bioindicateurs – les espèces peuvent être examinées pour définir de manière générale des structures ou des processus biochimiques, physiologiques ou écologiques qui sont corrélés ou liés à des effets biologiques mesurés à un ou plusieurs niveaux d’organisation biologique. Enfin, le grand défi de l’utilisation des deux concepts pour améliorer les estimations de la toxicité d’un facteur de stress concerne l’analyse de biomarqueurs et de bioindicateurs qui ont une grande utilité dans l’évaluation des risques écologiques20. En ce sens, il existe un consensus sur la pertinence d’utiliser des biomarqueurs et des bioindicateurs comme signes d’alerte précoce, car ils offrent des informations pertinentes sur la réponse d’un organisme d’essai aux facteurs de stress environnementaux 12,20,21.
Les amphibiens sont l’un des groupes d’organismes les plus menacés et en déclin rapide dans le monde. L’une des principales raisons de ce déclin est les polluants qui pénètrent dans leur habitat, tels que les pesticides, les métaux et les polluants émergents 22,23,24,25. Les anoures ont plusieurs caractéristiques qui les rendent utiles en tant qu’espèces bioindicatrices, telles que leur peau perméable, leur relation étroite avec l’eau et leur sensibilité à la pollution environnementale 2,23,24. Ces caractéristiques font des amphibiens des bioindicateurs efficaces de la santé environnementale 7,8,22,23,24,26.
Néanmoins, il est nécessaire non seulement d’envisager l’optimisation des procédures de base et la génération de données historiques dans les groupes témoins, mais aussi d’utiliser des essais biologiques spécifiques pour évaluer les réponses dans les organes et les tissus afin d’élucider la nature et la variation des effets observés dans les bioindicateurs. En ce sens, le présent travail vise à décrire plusieurs méthodologies écotoxicologiques à employer à tous les stades des anoures néotropicaux à différents niveaux écologiques et à les valider en tant que biomarqueurs utiles à utiliser à la fois dans la faune sauvage et en laboratoire. Ce travail présente une batterie de biomarqueurs qui peuvent être intégrés et qui ont fait leurs preuves pour la biosurveillance en laboratoire et chez la faune chez les anoures exposées à des facteurs de stress environnementaux.
Les techniques suivantes comprennent le sacrifice antérieur de l’animal, qui a été effectué conformément aux normes éthiques internationales 46,47,48, et la dissection et l’ablation ultérieures des organes. Les animaux ont été capturés en vertu de l’autorisation du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Production de la province de San Luis (résolution 49-PMA2019). Les méthodes de sacrifice et d’euthanasie des animaux ont été dûment approuvées par les protocoles du Comité Institutionnel de Soin et d’Utilisation des Animaux (CICUA, protocole Q-322/19) de l’Université Nationale de San Luis. Les procédures avec des organismes anoures ont été effectuées conformément aux lignes directrices détaillées dans Garber et al.46, CONICET47 et INTA48. De plus, tous les protocoles présentés ici concernent les espèces d’anoures néotropicales dans leurs stades de vie larvaire et adulte ; ils ont déjà été largement acceptés par les chercheurs locaux et sont réalisés selon un protocole strict et avec l’autorisation du « Comité Institucional de Cuidado y Uso de Animales (CICUA) » de chaque université impliquée. Une liste des matériaux et solutions utilisés est présentée dans le Tableau des matériaux et le Tableau 1.
1. Niveau individuel : état corporel et indices hépatiques et gonadiques
2. Niveau morphologique-histologique
REMARQUE : Pour cette analyse, il est nécessaire d’utiliser des coupes histologiques. La première étape consiste à prélever le tissu.
3. Niveau biochimique : Espèces réactives de l’oxygène (ROS) et enzymes cholinergiques
4. Niveau génétique et cellulaire : test du micronoyau et de la comète
5. Biomarqueurs corrélés
REMARQUE : Ces derniers temps, les biomarqueurs peuvent être intégrés à tous les niveaux en utilisant l’indice de réponse aux biomarqueurs (IBR) proposé par Beliaeff et Burgeot49 et adapté pour les anoures néotropicaux. L’IBR fournit une valeur numérique qui intègre toutes les réponses des biomarqueurs ; des valeurs IBR plus élevées indiquent des niveaux de stress plus élevés49. En ce qui concerne l’estimation de l’IBR pour une station donnée ou le traitement d’un levé donné, les étapes successives de traitement des données pour déterminer le score final sont les suivantes :
Toutes les techniques de biomarqueurs présentées ici sont des méthodes simples, rapides, pratiques, sensibles, peu coûteuses et précises. Pour chaque biomarqueur, il est important de noter ce qui suit.
Niveau individuel
Indice de masse échelonné
La prise de photos à l’échelle millimétrique est d’une grande importance car cette valeur sera utilisée pour calibrer le logiciel, ce qui se traduit par une meille...
Les biomarqueurs au niveau individuel sont très simples à déterminer et très peu coûteux, car l’examen de ces biomarqueurs ne nécessite que quelques pièces d’équipement qui sont généralement disponibles dans n’importe quel laboratoire de recherche. De plus, ces biomarqueurs fournissent des informations générales sur la santé et la forme physique des animaux. Le nombre d’animaux utilisés dans chaque protocole est essentiel pour obtenir des résultats fiables. En rais...
Les auteurs ne déclarent aucun intérêt concurrent.
Les auteurs remercient chaleureusement l’Instituto de Química de San Luis « Dr. Roberto Olsina »- Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Tecnológicas (INQUISAL-CONICET), l’Universidad Nacional de San Luis (Projet PROICO 2-1914), le Laboratório de Patologia Experimental (LAPEx) - Instituto de Biociências (INBIO) - l’Universidade Federal de Mato Grosso do Sul (UFMS), le Cátedra de Citología - Universidad Nacional de La Plata (UNLP) et l’Agencia Nacional de Promoción Científica (FONCYT ; PICT-2018-02570 et PICT-2018-01067) pour un soutien financier. Nous tenons également à remercier la native Lidia Unger et le GAECI-UNSL (centre d’aide à la rédaction scientifique) de l’Université nationale de San Luis pour la relecture du manuscrit.
Name | Company | Catalog Number | Comments |
Analytical scale | |||
Electrophoresis power supply | Enduro | E0203-250V | |
Eosin | Merck | ||
Fluorescence photomicroscope | Olympus | BX50 | Equipped with an appropriate filter combination |
Hematoxylin of Harris | Merck | ||
High resolution photo camera | >16 megapixels | ||
Homogenizer | |||
Horizontal electrophoresis chamber | Sigma | ||
Microcentrifuge | Denver Instrument | ||
Microscope | Leica | DM4000 B | Equipped with image capture system Leica DFC 280 |
Microtome | Leica | 2265 | |
Paraplast | Sigma | P3558 | |
Personal Computer | Eqquiped with Mac OS X, Lynux or Windows | ||
Refrigerated centrifuge | |||
UV–Vis spectrophotometer | Rayleigh | 723G | With UV-lamp |
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