Method Article
L’exposition aux odeurs de peau et de fourrure de chat fournit une méthode fiable pour étudier les circuits neuronaux et les mécanismes des réponses défensives chez les rongeurs et peut donner un aperçu des mécanismes qui médient la peur chez les humains. Ici, nous décrivons un protocole pour étudier le rôle du cortex intéroceptif dans les réponses aux menaces chez les rats.
Les animaux réagissent aux situations menaçantes en adoptant un certain nombre de comportements défensifs, notamment l’évitement, le gel et l’évaluation des risques. Un modèle animal avec une approche éthologique offre un aperçu plus approfondi des mécanismes biologiques sous-jacents aux réponses aux menaces. Cet article décrit une méthodologie pour mesurer les comportements défensifs envers les stimuli aversifs innés et appris chez les rats. Les animaux ont été exposés individuellement à l’odeur d’un prédateur dans une chambre inéluctable pour provoquer un état défensif mesurable et durable. La conception expérimentale consistait à placer un rat dans une chambre familière pendant 10 minutes, suivi d’une exposition à l’odeur du chat pendant 10 minutes supplémentaires dans le même contexte. Le lendemain, les rats ont été réexposés pendant 10 minutes dans la même chambre de contexte où l’exposition à l’odeur de chat s’est produite. Les séances ont été enregistrées sur vidéo et les comportements défensifs ont été évalués les deux jours.
Le test comportemental a été couplé à des techniques d’inactivation fonctionnelle réversible et d’immunohistochimie c-Fos pour déterminer le rôle du cortex intéroceptif dans les réponses à la menace. Les rats exposés à l’odeur du chat le premier jour et réexposés à la chambre contextuelle le deuxième jour ont montré des niveaux plus élevés de comportements défensifs, et cette odeur de chat a provoqué une augmentation robuste de l’activité neuronale du cortex intéroceptif. De plus, l’inactivation du cortex intéroceptif par le muscimol a réduit l’expression des comportements défensifs en réponse à l’odeur du chat et a altéré la mémoire contextuelle de la menace. Ces résultats montrent que ce test comportemental est un outil utile pour étudier les mécanismes neuronaux des comportements défensifs et peut donner un aperçu des mécanismes qui médient la peur chez l’homme et ses troubles associés.
Les comportements défensifs se produisent en réponse à des stimuli qui signalent une menace potentielle pour la survie d’un animal. Ces comportements sont hautement conservés chez les mammifères et rapidement associés à des stimuli ou à des circonstances liés à la menace1, 2, 3. Dans la nature, les stimuli menaçants pour la plupart des animaux sont les prédateurs ; Par conséquent, la détection des indices de prédateurs, tels que les indices olfactifs, est particulièrement avantageuse pour éviter la prédation. Les réponses comportementales aux signaux de prédateur ont été largement étudiées chez les rongeurs.
Par exemple, des stimuli, tels que la fourrure naturelle du chat ou les odeurs de peau, activent le système olfactif et voméronasal, induisant des niveaux élevés de comportements défensifs4. Ces stimuli sont accompagnés de changements dans l’activité neuronale et endocrinienne 5,6,7,8, et ce sont des stimuli forts, inconditionnés et aversifs pour le conditionnement de la menace contextuelle chez les rats 7,8,9,10,11. Des études ont montré qu’au moins 24 heures après l’exposition à des signaux naturels de prédateurs, les rats présentent des états d’anxiété conditionnés robustes et durables 7,12,13. Ce phénomène est particulièrement intéressant pour l’élaboration de modèles plus réalistes du trouble de stress post-traumatique (TSPT)14,15,16,17, du trouble d’anxiété généralisée (TAG)5 et du trouble panique (MP)18,19.
En laboratoire, le comportement de peur est mesuré comme la fuite, l’évitement (par exemple, la retraite, la clandestinité) ou la congélation. De plus, l’anxiété peut être mesurée par des postures d’étirement et un balayage vigilant visant à surveiller un stimulus prédateur - un ensemble de réponses généralement connues sous le nom de comportements d’évaluation du risque 6,9,20. Des études ont montré que le comportement de congélation est la stratégie défensive prédominante chez les rats face à une menace inéluctable, tandis que l’évaluation des risques est observée lorsque la menace est ambiguë ou non localisée 12,21,32. Bien que l’on sache qu’un stimulus inné ou appris peut susciter des comportements défensifs, il existe un manque de paradigmes comportementaux de laboratoire qui capturent de manière fiable les réponses défensives dans un contexte plus éthologique. Pour combler cette lacune, nous avons conçu un protocole avec une approche éthologique qui permet de mesurer les comportements de menace innés et contextuels soutenus ainsi que les réponses cérébrales aux stimuli de menace naturalistes.
Les expériences stressantes, telles que l’exposition à une odeur de prédateur inéluctable, provoquent des altérations durables de la réponse comportementale et physiologique chez les rats 14,22,23. Ces altérations reflètent le profil symptomatique observé dans les troubles liés à la peur et à l’anxiété tels que le SSPT. Dans le modèle actuel, une chambre d’essai est utilisée sans cachette sûre pour exposer les rats à un événement de menace inévitable et ainsi améliorer les réponses défensives. Les rats ont montré des comportements robustes de congélation et d’évaluation des risques en réponse à la fois à l’odeur du chat et au contexte de test. Ces résultats soutiennent l’utilisation de ce protocole comme une méthode fiable et valide pour explorer les mécanismes biologiques sous-jacents aux comportements défensifs et développer et affiner de nouvelles stratégies pour le traitement des troubles de la peur chez l’homme.
La procédure suivante a été menée conformément aux recommandations des directives institutionnelles du National Institutes of Health (États-Unis) Guide for the Care and Use of Laboratory Animals (NIH Publication No. 80-23, révisée en 1996). Le Comité institutionnel de biosécurité et d’éthique de la Pontificia Universidad Católica de Chile a approuvé toutes les procédures. Toutes les séances expérimentales ont été menées pendant la phase active du rat (phase sombre).
1. Préparation de la salle d’essai et de la chambre d’essai
REMARQUE : La vue d’ensemble de l’appareil est illustrée à la figure 1. La chambre d’essai a été développée et modifiée selon les études précédentes24,25.
Figure 1 : Vue d’ensemble schématique de la chambre d’essai. L’appareil se compose d’un compartiment d’essai avec : (1) des trous de ventilation, (2) des parois latérales et (3) des parois arrière obscurcies, et un support en acier verrouillé au niveau du sol du coin gauche (4) pour fixer le collier pour chat (dimensions : largeur 15 mm, épaisseur 5 mm, longueur 300 mm). Les dimensions de la chambre sont indiquées sur le carton (60 L x 40 l x 40 H cm). Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
2. Préparation de l’odeur de chat
3. Préparation des rats pour la procédure expérimentale
Figure 2 : Chronologie de la conception expérimentale. Les rats ont été exposés à un cycle sombre-lumière inversé pendant 10 jours, puis se sont habitués à la chambre d’essai contenant un collier de chat témoin (non porté) pendant 30 minutes pendant les trois derniers jours. Le jour 0, les rats ont d’abord été exposés à une chambre d’essai familière (CONTEXT) pendant 10 min, puis exposés à un collier avec ou sans odeur de chat pendant une période supplémentaire de 10 min (TEST) dans le même contexte. Le jour 1, les rats exposés à l’odeur de chat (TEST) le jour 0 ont été renvoyés dans la même chambre de test pendant 10 minutes (CONTEXT) et réexposés à l’odeur de chat (RETEST) pendant une période supplémentaire de 10 minutes. Cette figure a été modifiée au lieu de 8. Abréviation : R-Dark/light = cycle sombre-lumière inversé. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
4. Procédures de test d’odeur de chat
Figure 3 : La rencontre avec l’odeur du chat augmente les comportements défensifs innés. (A, B) Les rats ont d’abord été exposés à la chambre d’essai familière (CONTEXT) pendant 10 min, puis exposés à un collier avec une odeur de chat (groupe d’odeur de chat, cercles noirs) ou sans odeur de chat (groupe sans odeur, cercles ouverts) pendant une période supplémentaire de 10 min (TEST) dans le même contexte. Les cercles montrent le pourcentage de temps passé en congélation (B) et en évaluation des risques (C) affiché par les rats naïfs. Les données sont exprimées en moyennes + SEM. *p < 0,05. Cette figure a été modifiée au lieu de 8. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Figure 4 : La rencontre avec l’odeur du chat induit un apprentissage contextuel des menaces. Les cercles indiquent le pourcentage de temps passé en position figée (cercles noirs) et le comportement d’évaluation des risques (cercles gris). La ligne pointillée sépare le test de peur innée (jour 0, à gauche) du test de peur contextuelle (jour 1, à droite). Les données sont exprimées en moyennes + MEB. *p < 0,05. Cette figure a été modifiée au lieu de 8. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
5. Procédures immunohistochimiques
6. Comptage cellulaire
Figure 5 : L’odeur du chat provoque une activation neuronale dans le cortex intéroceptif primaire. (A) Photomicrographie représentative du pIC montrant une quasi-absence de cellules c-Fos-ir (pointes de flèches noires) chez les rats exposés à un collier de chat non porté (pas d’odeur, à gauche) par rapport à un nombre remarquablement accru de cellules c-Fos-ir chez les rats exposés à l’odeur du chat (à droite). (B) Quantification des cellules c-Fos-ir dans le pIC dans les deux conditions expérimentales. Les données sont exprimées en moyennes + MEB. *p < 0,05. Barres d’échelle = 200 μm. Cette figure a été modifiée au lieu de 8. Abréviations : pIC = cortex intéroceptif primaire ; c-Fos-ir = c-Fos-immunoréactif. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
7. Analyse des données
Dans ce protocole, les pourcentages de congélation et d’évaluation des risques ont été mesurés comme indicateurs de la peur et des états anxiogènes chez les rats, respectivement. La chronologie de la conception expérimentale est illustrée à la figure 2. Les résultats des animaux exposés à l’odeur de chat le jour 0 sont présentés à la figure 3. Les rats ont montré des niveaux significativement plus élevés de congélation (figure 2A, groupe Cat Odor, test Wilcoxon Signed-ranks, Z = -2,201, p = 0,028) et d’évaluation des risques (figure 2B, groupe Cat Odor, test Wilcoxon Signed-ranks Z = -2,336, p = 0,018) en réponse à l’odeur de chat (TEST) qu’au contexte familier (CONTEXT). De faibles niveaux de congélation (figure 2A, groupe inodore, test Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,184, p = 0,854) et d’évaluation des risques (figure 2B, groupe inodore, test Wilcoxon Signed-ranks, Z = -1,753, p = 0,08) ont été observés chez les rats exposés à un collier non porté pendant la deuxième partie de l’essai.
Une analyse supplémentaire a révélé que les niveaux de congélation (figure 2A, test de Mann-Whitney, U = 0,000, p = 0,004) et d’évaluation des risques (figure 2B, test de Mann-Whitney, U = 4 000, p = 0,025) étaient plus élevés dans le groupe Cat Odor que dans le groupe sans odeur au cours de la deuxième partie du test. Il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes en ce qui concerne la congélation (figure 2A, test de Mann-Whitney, U = 11 000, p = 0,256) et l’évaluation des risques (figure 2B, test de Mann-Whitney, U = 15,00, p = 0,627) au cours des 10 premières minutes d’exposition à un contexte familier (CONTEXT). Ces résultats démontrent que le protocole est adapté pour tester les comportements défensifs en réponse à l’odeur de fourrure/peau de chat.
La figure 4 montre la réponse conditionnée de la menace au contexte de test (CONTEXT) le jour 1. Les rats exposés à l’odeur du chat ont été renvoyés dans la chambre d’essai 24 heures après la première rencontre avec l’odeur du prédateur. Le jour 1, les animaux présentaient des taux de congélation (test de Wilcoxon Signed-rangs, Z = -2,366, p = 0,018) et d’évaluation des risques (test de Wilcoxon Signed-rangs, Z = -2,201, p = 0,028) plus élevés en réponse au contexte de test qu’au jour 0. De plus, il n’y avait pas de différences dans les niveaux de congélation (test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,841, p = 0,400) ou d’évaluation du risque (test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,943, p = 0,345) entre CONTEXT et RETEST. Les rats ont montré les mêmes niveaux de congélation (test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,105, p = 0,917) et d’évaluation des risques (test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,980, p = 0,327) pendant le RETEST et le TEST. Ces résultats ont démontré qu’une seule exposition de 10 minutes à l’odeur de fourrure et de peau de chat entraînait une réponse apprise à la menace dans le contexte dans lequel les animaux étaient confrontés à l’odeur d’un prédateur.
Les figures 5 et 6 montrent deux séries d’expériences utilisant le protocole présenté dans cet article. Nous avons testé si le cortex intéroceptif primaire (pIC), une région du cerveau impliquée dans le traitement des émotions 8,30,31,32, est nécessaire à l’expression des comportements défensifs. L’activation neuronale induite par l’odeur de chat a été évaluée dans le pIC en comptant les cellules c-Fos-ir dans des groupes d’animaux séparés : conditions sans odeur et odeur de chat. Ces rats ont été euthanasiés 90 minutes après la fin du TEST. Une augmentation significative a été observée du nombre de neurones c-Fos-ir dans le pIC dans le groupe odeur de chat (test de Mann-Whitney, U = 3,000, p = 0,016) par rapport au groupe témoin (Figure 5).
Figure 6 : L’inactivation muscimol du cortex intéroceptif primaire altère la mémoire contextuelle de la menace. (A, B) Le groupe de traitement a reçu une injection de solution saline le jour 0 et de muscimol le jour 1 dans le groupe pIC (groupe de traitement). Des rats témoins ont reçu une injection de solution saline dans le pIC les deux jours. Le jour 1, les animaux ont été renvoyés dans la chambre d’essai familière et exposés au CONTEXTE pendant 10 minutes et réexposés à l’odeur du chat (RETEST) pendant une période supplémentaire de 10 minutes. Les cercles indiquent le pourcentage de temps passé en position figée (cercles noirs) et le comportement d’évaluation des risques (cercles ouverts). La ligne pointillée sépare le test de peur innée (jour 0, à gauche) du test de peur contextuelle (jour 1, à droite). Les données sont exprimées en moyennes + MEB. *p < 0,05. Cette figure a été modifiée au lieu de 8. Abréviations : pIC = cortex intéroceptif primaire ; Sal-Sal = solution saline injectée le jour 0 et le jour 1 ; Sal-Mus = solution saline injectée le jour 0 et muscimol le jour 1. Veuillez cliquer ici pour voir une version agrandie de cette figure.
Nous avons également mesuré l’effet de l’inactivation du muscimol du pIC sur la mémoire contextuelle de la menace (Figure 6). Le groupe de traitement (rats sal-mus) a reçu une injection de solution saline dans le pIC le jour 0 et du muscimol agoniste du GABA-A le jour 1. Ce groupe d’animaux n’a montré aucune différence dans les taux de congélation (figure 6A, test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,140, p = 0,889) ou d’évaluation du risque (figure 6B, test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,700, p = 0,484) le jour 1 en réponse au contexte familier par rapport au jour 0, ce qui indique une altération de la mémoire contextuelle de la menace. Il est intéressant de noter que la congélation (figure 6A, test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -2,100, p = 0,036), mais pas l’évaluation des risques (figure 6B, test de Wilcoxon Signed-ranks, Z = -0,980, p = 0,327), a été significativement réduite pendant RETEST par rapport à TEST. Cette dernière constatation indique que le fait de faire taire le pIC le jour 1 a altéré de manière sélective la réponse de peur, mais pas d’anxiété, à l’odeur du prédateur. Pris ensemble, ces résultats soutiennent que le protocole expérimental décrit ci-dessus convient à l’étude des réponses défensives innées et apprises aux menaces prédatrices.
Le protocole décrit ici propose une approche innovante pour évaluer les comportements défensifs évoqués par des stimuli aversifs innés et appris. Une chambre d’essai sans cachette (figure 1) et un collier imprégné d’une odeur de peau et de fourrure provenant d’une chatte domestique ovariectomisée ont été utilisés pour susciter chez les rats un état de menace fort et soutenu qui pourrait être utile pour étudier les circuits neuronaux sous-jacents aux réactions défensives adaptatives et inadaptées.
Il est bien connu que l’apparition de réactions défensives spécifiques dépend à la fois des caractéristiques du stimulus de menace et de la situation/de l’environnement dans lequel l’animal est rencontré21,33. L’évitement, l’évaluation des risques et la congélation font partie d’un vaste répertoire de réactions défensives animales qui peuvent être évoquées par des stimuli menaçants 9,19. Cependant, le choix de la réaction défensive prédominante dépend des conditions environnementales telles que la distance par rapport à la menace33 ou la présence d’un endroit sûr à l’intérieur de la chambre d’essai21,33. Par exemple, lorsque les rats sont placés dans l’arène avec une cachette, en présence d’une odeur de chat, ils affichent des comportements défensifs tels que des postures d’étirement/assistance, la tête hors de la boîte et l’évitement 6,24,25. En revanche, le comportement de figément, le balayage vigilant et les postures d’étirement/assistance sont fortement provoqués dans les situations où il n’est pas possible de s’échapper et où la distance par rapport à la menace n’est pas trop courte33,34.
Des études ont montré que l’exposition à un facteur de stress incontrôlable produit une variété de conséquences comportementales qui sont différentes de celles qui se produisent lorsque le facteur de stress est contrôlable 35,36,37,38. Par exemple, un choc caudal, inévitable, mais non évitable, entraîne de fortes augmentations de la sérotonine dans le noyau du raphé dorsal35 et des comportements anxieux mesurés 24 h après l’expérience aversive36. De plus, les facteurs de stress incontrôlables améliorent le conditionnement de la peur chez les animaux36,37 et les humains38. Notre raison initiale pour développer le protocole était d’exposer les rats à une situation où ils ne peuvent pas contrôler le stimulus aversif, et donc présentent des réponses de menace fortes et soutenues et développent un apprentissage contextuel amélioré après une seule et courte exposition à l’odeur de chat.
Dans la conception expérimentale décrite ici, l’absence de cachette évoquait un état défensif fort et soutenu qui alternait entre le gel (c’est-à-dire l’immobilité complète sauf la respiration28) et l’évaluation du risque (c’est-à-dire le balayage vigilant et les postures d’étirement/assistance29), qui sont généralement considérés comme des manifestations comportementales de la peur et des états anxiogènes chez les rongeurs, respectivement (Figure 3). Notamment, le même schéma de réactions défensives s’est produit 24 heures plus tard lorsque les rats ont été réexposés au contexte de test, indiquant qu’une seule exposition de 10 minutes à l’odeur de la fourrure et de la peau de chat est suffisante pour induire un apprentissage contextuel durable de la menace, comme indiqué précédemment 7,10,11,14,15,34,39 (Figure 4).
Un collier pour chat avec une doublure interne en feutre a été utilisé pour collecter et piéger efficacement les odeurs/odeurs et ainsi obtenir un échantillon fiable du stimulus de menace afin d’évoquer une forte réponse défensive. Les chercheurs ont utilisé des stimuli aversifs tels que des excréments de chat, de l’urine ou de la triméthylthiazoline (TMT, un composant des excréments de renard) dans des travaux similaires. Néanmoins, ces stimuli semblent être moins prédictifs de la présence immédiate d’un prédateur car ils sont moins capables d’induire un apprentissage contextuel40,41. Selon les résultats précédents 2,4,8,9,10,11,20,34,39, l’odeur de chat est un stimulus aversif inné fiable qui peut induire des réactions défensives soutenues et une mémoire de menace contextuelle chez les rats. Au fil des ans, ce type de modèle animal comportemental éthologique a suscité de plus en plus l’intérêt des chercheurs pour l’étude du stress et des troubles liés au stress 13,14,15,16,17,23,42 comme ceux associés à des souvenirs de peur inadaptés tels que le SSPT.
Ce protocole est destiné à être utilisé conjointement avec une variété de techniques expérimentales, y compris, par exemple, les approches de biologie moléculaire et cellulaire et l’électrophysiologie chez les animaux éveillés et en comportement, qui offrent la possibilité de répondre à des questions ouvertes et d’améliorer notre compréhension des réponses adaptatives et inadaptées aux menaces. Dans cette étude, nous avons testé l’idée que le pIC, une région du cerveau impliquée dans le traitement des émotions, est nécessaire à l’expression des comportements défensifs. Des expériences comportementales ont été couplées à l’immunohistochimie c-Fos pour cartographier les modèles d’activité neuronale dans le pIC en réponse à l’odeur du chat et aux perfusions intracérébrales de l’agoniste du récepteur GABA-A, le muscimol, afin de réduire au silence de manière réversible le pIC et de déterminer son implication dans les réactions de menace innées et apprises à l’odeur du prédateur. Ces résultats ont révélé que l’odeur du chat provoquait une augmentation de l’activité neuronale dans le pIC (Figure 5), et que le fait de réduire au silence le pIC entraînait un grave déficit de mémoire contextuelle de la menace (Figure 6).
Bien que le protocole décrit ici soit techniquement simple à mettre en œuvre et à exécuter, quelques complications peuvent survenir. Par exemple, une contamination croisée par les odeurs de chat peut se produire si le collier non porté entre en contact avec le collier pour chat usé. Ainsi, les colliers doivent être conservés séparément pendant toutes les procédures, et les gants doivent être changés après la mise en place du collier usé dans la chambre d’essai. Si l’expérimentateur souhaite effectuer des conditions d’odeur et d’absence d’odeur en utilisant la même chambre d’essai, les expériences doivent être effectuées à des jours différents. Deux chambres d’essai identiques pourraient être utilisées pour ces expériences34, et les rats devraient être maintenus dans des pièces séparées pour éviter la communication sociale43. Le stress provoqué par l’exposition à de nouveaux stimuli dans des environnements inconnus peut également être un problème. Par conséquent, les animaux doivent avoir au moins trois jours d’accoutumance à l’environnement d’essai et aux procédures pour réduire le stress et la défensive couramment affichés par les rats dans des situations nouvelles. De plus, le temps nécessaire à la période d’habituation doit être plus long que la période d’essai. Par exemple, si le test dure 10 minutes, il faut attribuer 20 ou 30 minutes à la période d’habituation.
Enfin, les comportements défensifs doivent être évalués de préférence pendant la phase sombre du cycle, lorsque les rats sont actifs. Les rats doivent être maintenus sous un cycle lumière/obscurité inversé pour permettre aux procédures expérimentales d’être effectuées pendant que le rat et l’expérimentateur sont dans leurs phases actives34. Le changement dans le cycle lumière/obscurité ne prend pas plus de 10 jours pour être réglé et, d’après l’expérience, la plupart des rats dans cette condition réagissent de manière adéquate à l’odeur du chat. Cependant, quelques études montrent que les rats Sprague-Dawley sont moins vulnérables au conditionnement des menaces et à l’anxiété de longue durée que les rats Wistar44. Ainsi, il est possible que l’utilisation de rats Wistar au lieu de rats de souche Sprague-Dawley puisse donner des résultats plus robustes.
En conclusion, l’odeur du chat est un stimulus menaçant éthologiquement pertinent qui suscite des réponses neuronales, endocriniennes et comportementales fiables chez les rats. La rencontre avec l’odeur du chat dans une chambre inéluctable conduit à une réponse de peur/anxiété robuste et prolongée chez les rats, ce qui se traduit par un apprentissage rapide et durable des menaces contextuelles. Le protocole décrit ci-dessus pourrait être un outil utile pour étudier la peur et les mécanismes de codage de la mémoire des menaces adaptatives et inadaptées.
Les auteurs de ce manuscrit n’ont aucun intérêt financier concurrent ou autre conflit d’intérêts à divulguer.
Les auteurs remercient Marcela Gonzalez pour son aide aux procédures de laboratoire, Mabel Matamala pour sa contribution à la conception du protocole et Miguel Rojas pour son aide à l’illustration.
Name | Company | Catalog Number | Comments |
3-3′ diaminobenzidine hydrochloride (DAB) | Bio-Rad | Colorimetric blotting substrate; used with peroxidase antibody conjugate | |
Airtight plastic container | comercial | Used to store cat collars | |
Cat Collar | comercial | dimensions: width 1.5, thickness 0.5, length 30 cm | |
Cat Odor | domestic cat | Ovariectomized indoor-outdoor female cat fed with regular commercial cat food. | |
Enrofloxacin 5% | Bayer | Antibiotic (19mg/Kg i.p.). Used in the surgery protocol. | |
Ethanol | Sigma-Aldrich | 5% v/v for cleaning testing box | |
Guide cannulae | Plastic One | 26 gauge. Consists of a threaded cylindrical plastic pedestal molded around a piece of stainless steel tubing which is implanted into the specific target area of the brain following stereotaxic coordinates. | |
Hamilton syringe | Sigma-Aldrich | 1 uL. Used in the inactivation protocol | |
Hydrogen Peroxide 30% | Merck Millipore | Used in immunohistochemical procedure | |
Injection cannula | Plastic One | 33 gauge. This cannula is inserted into the guide cannula for fluids to be dosed into the specific target area of the brain. | |
Ketamine (Imalgene) | Rhodia Merieux | Sedative (100mg/Kg i.p.). Used in the surgery and immunohistochemical protocols | |
Ketoprofen 1% | Rhodia Merieux | Anti-infammatory (0,2mg/Kg i.p.). Used in the surgery protocol. | |
Male rats | Universidad Catòlica de Chile | Sprague dawley strain (270–290 g) | |
Mechanical digit manual counter | Comercial | Used for cell counting | |
Muscimol | Sigma-Aldrich | 0,5 ug/uL into the localized brain area | |
Normal goat serum | Life Technologies | Used in immunohistochemical procedure | |
Occluder canulae | Plastic One | Inserted into guide cannula to seal it and prevent the outflow of tissue fluid after injection. | |
Paraformaldehyde powder | Sigma-Aldrich | Used to tissue fixiation | |
PBS 10x, pH 7.4 | Life Technologies | Used in immunohistochemical procedure | |
Primary antibody | Sigma, St Louis | Rabbit polyclonal F7799 used in immunohitochemical procedure | |
Red light bulb (80 watts) | Cromptom | Used during the behavioral protocol | |
Screws | Plastic One | Used in the surgery protocol for anchoring guide cannulae in the skull | |
Secondary antibody | Jackson immunoresearch | Anti-rabbit IgG (H+L) used in immunohitochemical procedure | |
Single-dose sterile saline 0.9% | SalJet | 0,5 ug/uL into the localized brain area | |
Sodium azide | Sigma-Aldrich | Used in immunohistochemical procedure | |
SPSS for windows | IBM | Version 20.0. Software used for statistical data analysis | |
Stereotaxis apparatus | Kopf | Used in the surgery protocol | |
Transparent Plexiglas rectangular chamber | assembled | 60 x 40 x 40 cm, L, W, H); transparent poly(methyl methacrylate) rectangular chamber | |
Triton X-100 | Merck Millipore | Used in immunohistochemical procedure | |
Vectastain ABC Elite kit | Vector Laboratories | avidin/biotin-based peroxidase system used for the detection of biotin-conjugated secondary antibodies | |
Videocamera | Sony | Prefer the use of a night vision camera | |
Xylazine (Rompun) | Bayer | Sedative (20mg/Kg i.p.). Used in the surgery and immunohistochemical protocols. |
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